Citroën DS21 Proto Rallye du Portugal 1972
1. Historique et Contexte
La Citroën DS21 est issue de la célèbre lignée des DS lancée en 1955, connue pour son design avant-gardiste et sa suspension hydropneumatique révolutionnaire. Dès la fin des années 1950 et tout au long des années 1960, les DS/ID se sont illustrées en rallye : victoire au Monte-Carlo 1959 avec une ID19, podiums en rallyes longs comme Liège-Sofia-Liège 1961, et victoires en Afrique (Rallye du Maroc 1969 et 1970 avec la DS21 pilotée par Bob Neyret).
Cependant, à la fin des années 1960, la concurrence en rallye s’intensifie avec des voitures plus légères et plus agiles (Alpine A110, Ford Escort, etc.), rendant la grande berline DS moins compétitive pour les victoires au général..
Pour redonner une chance à la DS en compétition, le pilote-vedette Robert “Bob” Neyret imagine alors une version prototype à châssis raccourci. Ce concept est concrétisé par l’ingénieur André Ricou (concessionnaire Citroën à Chambéry), qui réalise un châssis écourté de 60 cm sur une base de DS21.
Cette DS21 “coupé” non officielle gagne en agilité et réduit le surpoids du train arrière, améliorant le comportement sur routes sinueuses et bosselées. Fort des bons résultats obtenus par Neyret avec cette DS raccourcie en rallye, Citroën décide de s’impliquer davantage et fabrique un véritable prototype de DS à empattement court au début des années 1970.
C’est cette voiture, souvent appelée DS21 Proto, qui sera engagée sur quelques épreuves majeures, dont le Rallye TAP du Portugal 1972.
2. Caractéristiques Techniques
La DS21 Proto Rallye Portugal 1972 est une version profondément modifiée de la DS21 de série, pensée spécifiquement pour la compétition. Son châssis a été raccourci d’environ 60 cm par rapport à la berline standard afin d’en réduire le poids et d’en augmenter la maniabilité.
Vu de profil, l’arrière est tronqué, donnant à la voiture une silhouette de coupé compact et agressif. La carrosserie intègre des ajustements destinés au rallye, notamment des élargisseurs d’ailes à l’avant pour accueillir de nouvelles roues (jantes Michelin type RR légères, initialement prévues pour la SM) et des protections de phares en grille pour les épreuves tout-terrain.
A l’avant, la DS Proto conserve le regard emblématique de la DS, mais affublé de deux volets latéraux de capot spécifiques et de projecteurs additionnels longue portée pour les spéciales de nuit.
ous le capot, on trouve un moteur 4 cylindres de 2 475 cm³ (cylindrée augmentée par rapport aux 2 175 cm³ d’origine) alimenté et préparé pour la course. Ce bloc développe environ 190 chevaux à 6 500 tr/min, contre à peine 115-130 ch pour une DS21 de route.
Il est couplé à une boîte manuelle à 4 rapports renforcée. Cette puissance élevée, inédite pour une DS, permet à la Proto d’afficher des performances honorables pour l’époque, avec une vitesse de pointe d’environ 190 km/h malgré son gabarit. La voiture conserve la fameuse suspension hydropneumatique Citroën sur les quatre roues, un atout sur les pistes dégradées en assurant une excellente motricité et une stabilité remarquable sur les bosses.
L’habitacle est dépouillé pour gagner du poids – on y trouve un arceau de sécurité et l’équipement de navigation rallye – mais conserve une partie de l’ergonomie d’origine de la DS (volant monobranche, tableau de bord à trois cadrans), gage de confort pour l’équipage même dans les spéciales difficiles
3. Performances et Résultats au Rallye du Portugal 1972
Au départ du 6º Rallye TAP du Portugal 1972 (11–15 octobre), la Citroën DS21 Proto fait figure d’outsider exotique face aux Alpine A110, Porsche 911 et autres sportives affûtées du championnat. Engagée avec le numéro 77, elle entame l’épreuve sur les chapeaux de roue. Dès la 5ᵉ étape, Francisco Romãozinho hisse la DS21 Proto jusqu’à la 6ᵉ place du classement général provisoire, prouvant le potentiel de la voiture sur les spéciales portugaises
Mieux encore, le pilote portugais signe le 4ᵉ meilleur temps d’une spéciale, au nez et à la barbe de rivaux disposant de voitures plus légères, grâce à la puissance et la tenue de route de la DS Proto.
Malheureusement, la course de la DS21 Proto sera interrompue prématurément : un incident électrique survient sur la voiture au cours de l’épreuve (problème d’allumage ou faisceau, selon les rapports), forçant l’équipage à abandonner alors qu’il réalisait des performances prometteuses.
Ironie du sort, un problème similaire contraindra peu après l’autre DS officielle (une DS21 groupe 2 standard pilotée par Richard Bochnicek) à l’abandon également
Source : www.endurance-info.com
La Citroën DS21 Proto n°77 exposée après course, ici dans sa livrée Rallye TAP 1972 (bleu clair avec stickers Total, Cibie, etc.). On distingue bien l’arrière raccourci type coupé et les protections de phares grillagées
Malgré cette déception au Portugal 1972, la DS21 Proto a démontré que la vieille DS pouvait encore tenir un rythme élevé face à des voitures plus modernes. Seule 21 voitures sur 122 ont rallié l’arrivée cette année-là, preuve de la dureté de l’épreuve.
Si la DS Proto de Romãozinho n’en fait pas partie, l’autre prototype Citroën engagé – une SM Proto pilotée par Björn Waldegård – parviendra à terminer 3ᵉ au général.
Ce podium de la SM (1ère du groupe 5 « prototype ») souligne l’engagement de Citroën dans la course et permet à la marque aux chevrons de sauver l’honneur en 1972, alors que l’expérimentation de solutions techniques audacieuses (comme le châssis court de la DS21 Proto) préparait le terrain pour l’avenir.
4. Pilotes et Équipe Engagée
Pour affronter les pistes portugaises, Citroën a fait confiance à un équipage local de grand talent. Aux commandes de la DS21 Proto #77, on retrouve le pilote portugais Francisco Romãozinho, navigué par son compatriote José Bernardo.
Romãozinho est alors l’un des meilleurs rallymen du pays : il a notamment remporté le Rallye du Portugal 1969 au volant d’une DS21 d’usine, ce qui lui vaut d’être recruté comme pilote officiel Citroën. En 1972, fort de sa connaissance du terrain et de son expérience, il était le choix idéal pour exploiter le prototype français sur ses terres. Son coéquipier José Bernardo formait avec lui un duo aguerri, habitué des épreuves internationales.
L’équipe engagée bénéficiait d’un soutien semi-officiel de Citroën. Bien que la DS Proto soit un véhicule expérimental, la marque avait à cœur de bien figurer, en témoigne la présence de plusieurs voitures aux chevrons dans la liste des engagés 1972. Aux côtés de Romãozinho, Citroën aligne en effet une DS21 Groupe 2 plus conventionnelle pour l’autrichien Richard Bochnicek, ainsi qu’un coupé SM Proto piloté par le suédois Waldegård. Le véhicule de Romãozinho arborait le sponsor Total, partenaire historique de Citroën, et affichait fièrement les autocollants de nombreux équipementiers de compétition de l’époque (Cibie, Ferodo, etc.), soulignant le caractère officiel de son engagement. L’assistance était assurée par l’équipe compétition Citroën de l’époque, héritière du service compétitions fondé par René Cotton (décédé en 1971), avec l’appui logistique de Citroën Portugal pour profiter de la connaissance du terrain local.
5. Héritage et Influence sur les Citroën de Compétition
Bien que brève, l’épopée de la Citroën DS21 Proto a marqué l’histoire de la marque en rallye. Ce prototype audacieux a symbolisé le chant du cygne des DS en compétition de haut niveau. Il a montré que, grâce à des modifications ingénieuses (châssis court, moteur poussé, etc.), une voiture issue de la série pouvait rivaliser un temps avec des sportives dédiées. L’expérience accumulée avec la DS21 Proto a influencé les choix de Citroën pour la suite de ses programmes sportifs. On la retrouve notamment dans le développement d’autres prototypes de rallye au début des années 1970, comme la SM Proto (à moteur Maserati) engagée parallèlement, ou encore dans les versions améliorées de la DS23 utilisées sur des rallyes tout-terrain (rallye Côte d’Ivoire, rallye du Maroc en Groupe 2).
Après 1972, Citroën mettra en sommeil ses activités rallye en raison de la fusion avec Peugeot et de la crise pétrolière, mais l’héritage de la DS Proto perdurera chez les passionnés. La leçon tirée de ce projet – à savoir qu’une suspension sophistiquée et une conception inventive peuvent compenser un gabarit moins sportif – préfigurait l’esprit d’innovation qui fera le succès de Citroën dans les décennies suivantes en compétition (du Paris-Dakar avec les ZX dans les années 1990, jusqu’au WRC dominé par les Xsara, C4 et DS3 dans les années 2000). Aujourd’hui, la DS21 Proto Rallye Portugal 1972 est considérée comme une pièce emblématique du patrimoine sportif de Citroën. Le seul exemplaire construit a survécu et fut exposé, dans son jus d’époque, lors d’événements historiques (comme à Rétromobile) pour le plus grand bonheur des amateurs. Son influence se mesure aussi à la fascination qu’elle exerce encore, symbolisant l’audace technique de Citroën et la fin d’une ère avant l’avènement de modèles plus récents en rallye.
6. Versions Miniatures Disponibles
Plusieurs fabricants de modèles réduits ont reproduit la DS21 Proto du Rallye du Portugal 1972, preuve de l’aura mythique de cette voiture auprès des collectionneurs. À l’échelle 1/43, on trouve d’abord des miniatures montées en métal issues de collections presse ou de séries limitées. La marque Universal Hobbies a réalisé pour Altaya une DS21 Proto #77, de couleur bleu ciel, dans sa collection “Voitures de Rallye” (modèle également diffusé par Atlas)
Une miniature 1/43 de la DS21 Proto #77 Rallye TAP 1972 (ici un modèle Paradcar monté)
Une autre miniature 1/43 de la DS21 Proto #77 Rallye TAP 1972 (ici un modèle Paradcar monté)
Le petit artisan français Paradcar a produit de son côté la DS21 Proto en résine, soit sous forme de kit à monter (réf. SP004), soit montée prête à exposer, avec un haut niveau de détail.
D’autres artisans comme Chat C’est Chouette (CCC) ont proposé des kits en 1/43 de la DS Proto (notamment la version Total du Portugal 72 et la version Aseptogyl rose utilisée sur d’autres rallyes). En résumé, le 1/43 offre le plus large choix, avec des miniatures tant pour maquettistes que pour collectionneurs souhaitant une pièce déjà assemblée.
En dehors du 1/43ème, les options sont plus limitées. À l’échelle 1/18, aucune reproduction industrielle n’existe à ce jour, la DS21 Proto restant inédite chez des fabricants comme Norev, Solido ou Ottomobile. Il en est de même en 1/24, où l’on ne trouve pas ce modèle spécifique dans les catalogues courants – même si des maquettistes ont pu réaliser des conversions en partant d’une DS21 standard au 1/24 (telle que le kit plastique Ebbro/Heller).
Cette rareté dans les grandes échelles renforce l’intérêt des miniatures 1/43 disponibles, qui demeurent le moyen principal de posséder une reproduction de la DS21 Proto Portugal 72. Les collectionneurs les plus pointilleux apprécient particulièrement le kit Paradcar ou le modèle Altaya, qui capturent les détails uniques de ce prototype (numéros de course, logos d’époque, et même la plaque minéralogique 9280 WG 75 d’origine).
À défaut de pouvoir admirer l’original en action, ces modèles réduits permettent de préserver la légende de la DS “courte” de 1972 dans une vitrine.
7. Le Kit 1/43 VoituresMiniatures.fr
Ce kit Citroën DS21 Proto 1972 (référence VM-1107) est fabriqué en France par Paradcar et distribué via la boutique VoituresMiniatures.fr.
Il s’adresse aux modélistes expérimentés comme aux collectionneurs exigeants, chacun pouvant ainsi posséder une pièce emblématique du sport automobile Citroën.
Une fois monté et décoré, le modèle restituera avec précision l’allure unique de la DS Proto du rallye du portugal – un véritable morceau d’histoire à l’échelle miniature. N’attendez plus pour ajouter ce kit d’exception à votre collection, et revivre ainsi, en modèle réduit, l’une des pages les plus originales de l’engagement de Citroën en rallye.
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