

Gene Hackman et les voitures : Sa participation aux 24H de Daytona 1983 et ses modèles emblématiques au cinéma
Le monde du cinéma et de l’automobile est en deuil : Gene Hackman, légendaire acteur américain doublement oscarisé, est mort à l’âge de 95 ans.
Connu pour ses rôles marquants dans French Connection ou Impitoyable, Hackman entretenait également un lien particulier avec l’automobile tout au long de sa vie. Passionné de vitesse, il n’était pas seulement spectateur de bolides au cinéma – il est lui-même passé du grand écran aux circuits. Son expérience en course automobile et les scènes cultes où on le voit au volant témoignent d’une véritable histoire d’amour entre Gene Hackman et les voitures. Dans cet article, nous revenons sur cette facette méconnue de sa carrière, de son aventure aux 24 Heures de Daytona à ses voitures emblématiques au cinéma, pour comprendre comment Hackman a marqué de son empreinte le monde des passionnés de courses et de belles mécaniques.
Gene Hackman et les 24 Heures de Daytona 1983
En février 1983, Gene Hackman troque son costume d’acteur pour une combinaison de pilote sur la grille de départ des 24 Heures de Daytona. Âgé de 53 ans à l’époque, il s’engage comme pilote amateur dans cette course d’endurance mythique, au sein de l’écurie All American Racers de Dan Gurney. Hackman co-pilote une Toyota Celica GTU de 1981 spécialement préparée pour la compétition. Cette Celica à la carrosserie élargie (ailes « box-arched ») arbore les couleurs blanc-rouge-jaune de Toyota et cache sous son capot un moteur 4 cylindres atmosphérique de moins de 2,5 litres, conforme au règlement GTU (Grand Touring under 2.5L). Aux côtés de Hackman se relaient deux pilotes chevronnés : les Japonais Kaoru Hoshino et Masanori Sekiya
Dès les premiers tours de piste, Hackman se montre à la hauteur, enchaînant les relais de nuit avec sérieux. Habitué à la pression des caméras, il découvre ici l’adrénaline d’un double droit à plus de 200 km/h, les phares des prototypes dans ses rétroviseurs, et la gestion d’une mécanique mise à rude épreuve sur 24 heures. La Celica n°99, dotée d’un châssis tubulaire et d’une transmission renforcée, affronte des concurrentes redoutables (Mazda RX-7, Porsche 911…) dans la catégorie GTU. Malgré toute la détermination de “Popeye” Doyle au volant, la course de l’équipe tourne court après plusieurs heures : une défaillance de la boîte de vitesses contraint la Toyota à l’abandon pendant la nuitL’équipage Hackman/Hoshino/Sekiya ne sera pas classé à l’arrivée (57^e position finale sur 78 engagés) en raison de cette casse mécanique
1983 Daytona 24 Hours | Gene Hackman Interview – Youtube
Si cette aventure Daytona s’est soldée par une déception sportive, elle n’en reste pas moins un exploit personnel pour Gene Hackman. Peu d’acteurs peuvent se vanter d’avoir participé à une épreuve d’endurance aussi exigeante. D’ailleurs, Hackman n’en était pas à son coup d’essai sur piste : il avait déjà couru en Formule Ford dans les années 1970 et même remporté le pro-am Toyota Pro-Celebrity Grand Prix de Long Beach en 1980.
Son sérieux et son talent de pilotage ont marqué les esprits. Le célèbre instructeur Bob Bondurant
- une référence de la conduite sportive
- a notamment affirmé que Hackman était l’un de ses meilleurs élèves parmi les célébrités formées.
Cette reconnaissance dans le milieu auto motive autant Hackman que ses fans : l’acteur a prouvé que sa passion de la vitesse n’était pas qu’un caprice hollywoodien, mais bien une véritable ambition technique et sportive.
Les voitures emblématiques de Gene Hackman au cinéma
Au-delà des circuits, Gene Hackman a aussi marqué l’imaginaire automobile par les véhicules qu’il a conduits à l’écran. Plusieurs de ses films cultes mettent en scène des voitures devenues mythiques, indissociables de ses personnages. Petit tour d’horizon des bolides les plus emblématiques associés à Hackman au cinéma :
French Connection (1971) – Ce thriller policier de William Friedkin comporte l’une des courses-poursuites les plus célèbres du septième art.
Dans la scène culte sous le métro aérien de New York, Hackman (alias inspecteur Jimmy “Popeye” Doyle) réquisitionne une Pontiac LeMans 1971 banale pour poursuivre un métro aérien.
Loin des voitures de sport clinquantes, cette berline marron ordinaire – filmée caméra embarquée au ras du pare-choc – devient un personnage à part entière. La violence des chocs, les dérives incontrôlées dans les intersections encombrées et le crissement strident des pneus offrent une intensité quasi documentaire. Cette poursuite filmée en conditions réelles (sans autorisation officielle, avec un traffic ouvert !) est encore aujourd’hui souvent citée comme la référence du genre. Elle a non seulement valu à Hackman l’Oscar du Meilleur acteur, mais aussi immortalisé la Pontiac LeMans aux yeux des cinéphiles, au même titre que la Ford Mustang de Bullitt quelques années plus tôt
Mississippi Burning (1988) – Dans ce drame prenant place dans le Mississippi rural de 1964, Hackman incarne l’agent du FBI Rupert Anderson, sillonnant routes de campagne et petites villes ségrégées. Ici, pas de muscle car rugissante, mais des voitures d’époque authentiques qui plantent le décor du Sud profond des sixties.
Anderson conduit une berline américaine aux lignes classiques (on distingue par exemple une Mercury Monterey noire typique des années 60 dans plusieurs scènes). Ces automobiles sobres – peinture terne, chromes discrets – contrastent avec la violence explosive du film. L’une des scènes marquantes montre d’ailleurs un membre du Ku Klux Klan au volant d’une grande voiture rouge à ailerons qui abandonne un corps sur la place publique : il s’agit d’une DeSoto de 1961, le tout dernier modèle produit par cette marque légendaire.
Ce choix de véhicules confère une authenticité historique au film et illustre comment les voitures, même non modifiées, peuvent jouer un rôle narratif puissant en reflétant l’atmosphère d’une époque.
Enemy of the State (1998) – Plus de 25 ans après French Connection, Gene Hackman prouve qu’il n’a rien perdu de son aisance au volant. Dans ce thriller technologique de Tony Scott, il interprète Brill, un ex-agent des renseignements paranoïaque et old-school. Fidèle à la personnalité de son personnage, Hackman apparaît au volant d’une AMC Javelin 1972, un coupé muscle car américain des années 70.
Au milieu des SUV high-tech et berlines modernes du film, cette Javelin orange vieillissante détonne : elle symbolise parfaitement le décalage de Brill, homme du passé défiant un système de surveillance ultramoderne. La voiture joue un rôle clé lors d’une fuite mémorable où Hackman et Will Smith tentent d’échapper aux tueurs – une scène qui se termine d’ailleurs par l’explosion spectaculaire de la Javelin dans un entrepôt.
Pour les amateurs, ce clin d’œil à la pony car era ajoute une couche supplémentaire d’appréciation, montrant Hackman aux commandes d’un V8 vintage, écho de sa propre passion automobile.
(D’autres films auraient pu être cités, comme Bonnie and Clyde (1967) où Hackman, dans la peau de Buck Barrow, prend place à bord de la fameuse Ford V8 des gangsters, ou encore Hoosiers (1986) avec ses pick-ups Chevy des années 50 – preuve que chaque époque de la carrière d’Hackman a été accompagnée par des voitures bien choisies.)
De la réalité du circuit de Daytona aux fictions sur pellicule, Gene Hackman a entretenu tout au long de sa vie une véritable fascination pour l’automobile. Son héritage se lit à deux niveaux. D’un côté, c’est un monstre sacré du cinéma qui nous quitte, avec des rôles inoubliables et des scènes de conduite gravées dans l’histoire du film. De l’autre, c’est un passionné de sports mécaniques dont le parcours inspire de nombreux amateurs : il a montré qu’un acteur pouvait aussi chercher la performance sur une piste de course, par amour de la vitesse et du défi technique.
Pour les cinéphiles, Hackman restera associé à des images fortes – sa Pontiac dérapant sous le métro de New York, son regard concentré derrière un pare-brise, ou son personnage d’Impitoyable chevauchant vers le soleil couchant (car oui, il maîtrisait aussi bien les chevaux-vapeur que les chevaux tout court). Pour les passionnés de voitures, il demeure un exemple rare de star d’Hollywood ayant osé vivre son rêve automobile jusqu’au bout. Son influence se fera encore sentir dans la culture auto : combien de jeunes pilotes et collectionneurs ont eu le déclic en le voyant faire crisser les pneus à l’écran ? Combien de miniatures de la LeMans 1971 de French Connection ou de la Celica 1983 de Daytona ornent les vitrines grâce à lui ?
En combinant un talent d’acteur hors norme et une authentique passion automobile, Gene Hackman laisse une empreinte singulière. Son nom restera associé à la fois aux chefs-d’œuvre du cinéma et aux moments de bravoure mécanique. Une chose est sûre : que ce soit dans une salle obscure ou sur un circuit, il aura fait vibrer son public comme un moteur lancé à plein régime. Merci Mr. Hackman, et bon voyage, l’as du volant d’Hollywood.